Les moyens de contrôle
La présence des cyanobactéries toxiques ou non, implique une réglementation des usages, par l’interdiction de l’accès au public à des activités de pleine nature et amène le gestionnaire à mettre en place des actions de maitrise des rejets et ou de maitrise de leur développement pour des raisons socio-économiques.
Les premières méthodes pour limiter la présence des cyanobactéries en rivière ou plans d’eau sont les méthodes dites préventives. Elles ont pour objet principal de limiter les apports en nutriments en provenance du bassin versant. Les types d’actions réalisés sont nombreux et passent par le contrôle et la limitation des rejets de station d’épuration, de lagunage ou de système individuel (SPANC*) par des actions limitant l’érosion des sols notamment agricoles riches en P.
Les autres méthodes de contrôle sont dites curatives et sont employées principalement dans les plans d’eau de taille modeste notamment pour maintenir les activités récréatives. Elles ciblent soit directement les algues, en cherchant à limiter leur abondance par des méthodes biologiques et le schéma de Scheffer pour les étangs de moins de 3 à 5 m de profondeur intègre ces différents mécanismes d’interactions entre les composantes végétales et animales, soit par des méthodes physiques en renouvelant la masse d’eau, soit par des méthodes chimiques en ciblant directement le phosphore par chélation à l’aide des ions Al, Fe, Ca et La par exemple.
Différentes méthodes d’aération (par bullage) sont utilisées dans les plans d’eau servant à des activités récréatives et/ou à la production d’eau potable en lieu même de la prise d’eau. Ces techniques sont bénéfiques seulement pour les traitements des eaux brutes en diminuant des éléments perturbateurs et indésirables dans l’eau distribuée dans les usines de production d’eau potable, notamment le fer, le manganèse, l’ammonium et les nitrites mais n’ont, en aucun, cas une quelconque action sur la biomasse des cyanobactéries ou autres micro-algues en raison de la faible couverture de la zone d’aération.
Néanmoins des mises en assec partielles ayant comme action d’abaisser la hauteur d’eau découvrant particulièrement les zones amont et les berges, favorisent la minéralisation par l’assec de plusieurs mois en été, des matières organiques et la chélation des ortho-phosphates les rendant moins disponibles pour les organismes. Cette méthode douce pour des retenues collinaires sans gestion eau potable, amène le gestionnaire à entreprendre un marnage annuel avec des conséquences sur les usages et usagers et, certaines expériences montrent un impact par une régression de développement des cyanobactéries sur les premières années et une augmentation des roselières.
Le poisson amplifie aussi le compartiment du phosphore trouvé pour son alimentation en le transformant par ses déjections en un ortho-phosphate et qui devient très disponible pour le phytoplancton. Limiter sa biomasse, limite fortement de façon indirecte celle des cyanobactéries dans certaines expériences en plan d’eau menées en France.
Limiter certaines techniques de pêche est une des actions les plus importantes dans les petits plans d’eau autour de 100 ha et surtout subissant des forts étiages. Ces nouvelles techniques de pêche spécialisées notamment pour la carpe sont très utilisatrices de fortes quantités d’appâts (plusieurs kg par jour) et riches en éléments nutritifs pour le développement du phytoplancton. La pêche est devenue une pêche de loisir sans exportation du poisson (no kill) et les seuls prédateurs régulateurs sont les oiseaux.
Ce qu’il est important de retenir des actions curatives, c’est qu’elles sont soit radicales par action sur les cellules soit aléatoires par action sur le phosphore car dépendantes de la synergie globale du plan d’eau à sa capacité de produire des cyanobactéries.
La réussite de ces actions est spécifique à chaque plan d’eau sachant que certaines actions peuvent être délimitées dans une partie isolée du plan d’eau et non sur dans sa totalité. Il n’existe pas de méthode type.
La dynamique des cyanobactéries est complexe à entreprendre et à prévenir d’une année sur l’autre en raison des paramètres méconnus et peu étudiés comme ceux du fonctionnement des virus, phages, bactéries notamment dans les sédiments et aussi des phénomènes climatiques que sont les températures hivernales comme estivales, les flux, la période de flux.
Les analyses réalisées dans la zone de baignade ne sont pas révélatrices de l’état du plan d’eau et que seules des mesures sur une échelle de temps d’avril à octobre, sur l’ensemble du plan d’eau et sur la hauteur d’eau pourront indiquer plus précisément son état d’eutrophisation et les actions envisageables de régulation des cyanobactéries.